Rouler propre est un vaste sujet qui prend place dans les mentalités mais dont les moyens de mise en œuvre n’évoluent pas tous à la même vitesse. On connaît déjà assez bien la problématique du déploiement des bornes électriques. Mais la mobilité propre c’est bien plus que cela. Et c’est le positionnement pris par Proviridis, fondée en 2012 par quatre industriels des transports et de l’énergie. « Ce qui m’intéresse, c’est le transport décarbonné. Le rail donne peu de flexibilité au transport routier, il faut donc décarbonner la route« , dit Eric Ronco, son PDG, entraînant dans l’aventure trois associés, tous venus d’horizons différents mais forcément complémentaires.
En septembre 2016, Proviridis se fait connaître pour l’installation d’une station GNLC implanté sur le port de Fos-sur-Mer. Un premier équipement sur le territoire régional qui a nécessité un investissement d’1,5 M€ mais qui n’est que le premier d’une série. Car l’ambition de la PME de 11 salariés, c’est de mailler le territoire de Provence Alpes Côte d’Azur en remontant ensuite vers l’Europe du Nord afin de créer un corridor. Quatre autres stations sont déjà prévues pour prendre place dans le département des Bouches-du-Rhône. « Au début de la naissance de Proviridis, nous étions plutôt axés sur le gaz naturel« , explique Eric Ronco, justifiant son choix par les atouts écologique, économique et renouvelable du GNV. « Le GNV permet des économies de l’ordre de 30 centimes par litre par rapport au diesel. Il est donc une vraie alternative pour éviter de polluer« . D’autant qu’il existe une version renouvelable non-fossile qui est le biométhane. « C’est cela, l’enjeu majeur« , ajoute Eric Ronco rappelant qu’à Lille par exemple, pas moins de 150 bus roulent grâce à ce carburant.
Mais la diversification, c’est toujours mieux et l’entreprise provençale va rapidement s’intéresser également à l’électrique et à l’hydrogène. « L’électrique n’est pas la réponse à tous les besoins. En ville, l’électrique paraît être une bonne solution. Pour les poids lourds, c’est le GNV qui est le plus performant« , répète le PDG de Proviridis. Qui explique aussi que la problématique du déploiement des bornes, c’est le foncier. Rare en Provence Alpes Côte d’Azur. D’où tout l’intérêt des stations multi-énergies. « Nous sommes contre le tout électrique ou le tout GNV. Ce qu’il faut considérer, c’est le coût pour le client« . Et Eric Ronco de pousser encore plus loin le raisonnement. « Tout cela c’est de l’emploi et de la compétitivité. Nous voulons vraiment nous centrer sur un déploiement en Provence Alpes Côte d’Azur. Nous voulons alerter la Région, discuter avec les métropoles. Marseille est par exemple la ville la plus polluée de la région. Cela peut à terme impacter le tourisme« .
Avec son positionnement à part, Proviridis n’éveille-t-elle pas la curiosité des grands groupes ? « Ils nous regardent plutôt comme des OVNI« , s’amuse Eric Ronco. « Nous ne serons jamais à vendre. L’enjeu est bien trop important« .
La tribune – Laurence Bottero